06 novembre 2024
Par leur consommation électrique, les data centers qui fleurissent en périphérie des villes émettent autant de dioxyde de carbone que l’aviation civile, soit 2 % des émissions mondiales. Avec le développement du cloud computing, cette consommation tend à augmenter, ce qui engendre des problèmes écologiques et économiques. Comment réduire alors la consommation électrique de ces data centers pour limiter leur impact écologique ? C’est à cette question fondamentale que souhaitent répondre les chercheurs de l’IMT Atlantique avec le projet SeDuCe (Sustainable Data Centers).
« Nous travaillons sur la question depuis une dizaine d’années », explique Jean-Marc Menaud, chercheur spécialisé dans le Green IT à IMT Atlantique et coordinateur du projet SeDuCe. « La consommation énergétique du numérique repose sur trois piliers : un tiers est dû au fonctionnement permanent des data centers, un tiers au réseau internet lui-même », le dernier tiers étant lié aux terminaux des utilisateurs et aux objets connectés.
Un centre de données dédié à la recherche
Le campus d’IMT Atlantique s’est ainsi doté depuis l’été 2018 d’un centre de données d’un genre nouveau, dédié à la recherche et mis à la disposition de la communauté scientifique. D’une capacité de 1 000 cœurs, soit 50 serveurs, ce data center est criblé de capteurs et de sondes permettant ainsi un suivi très précis des températures. Depuis quelques semaines, il est alimenté par des panneaux solaires photovoltaïques et connecté à Grid’5000, une plateforme nationale de calculs et de stockage.
« Très innovante, cette infrastructure est unique au monde par sa taille mais également par son caractère accessible à tous les chercheurs travaillant sur le sujet », poursuit Jean-Marc Menaud. « L’objectif est d’effectuer à la fois des recherches dans le domaine des systèmes distribués à l’image du cloud computing, mais aussi sur l’alimentation électrique et la gestion thermique des infrastructures par des sources d’énergies renouvelables. Il s’agit notamment d’apprendre à consommer mieux l’énergie produite, autrement dit d’adapter notre consommation, notre manière de travailler à la production solaire disponible, pour s’affranchir de la question du stockage de l’énergie produite non consommée. »
Co-financé par la Région dans le cadre du CPER 2015-2020, le data center ligérien est occupé à 90 % sur la partie recherche sur le cloud. Sur la thématique thermique, les recherches ne font que commencer.